J’ai choisi cette date symbolique qu’est la Fête des Mères pour écrire mon 1er article de blog. Cette fête symbolise à elle seule toute la dualité de mon accompagnement : accompagner la beauté de la maternité, mais aussi être présente et soutenante auprès de la maternité qui rencontre des obstacles et vit des douleurs mal entendues par notre société.
Et oui, en cette journée de colliers de pâtes et de bouquets de fleurs, de « Je t’aime, maman » et de bisous, il y aura aussi des pleurs, de l’isolement, de la colère et de la culpabilité … et ça, la société le montre moins.
Quand l’image parfaite véhiculée à la Fête des Mères se confronte à la réalité pas toujours épanouissante de la maternité !
20 à 30% des femmes vivent une dépression du post-partum dans l’année qui suit leur accouchement. C’est juste énorme ! Perte d’estime de soi, perte d’élan vital, … à des degrés divers (de l’impression légère de ne pas être à la hauteur à celle qui pousse parfois à décompenser ou à se suicider). Et aujourd’hui pour elles, cette journée ne sera pas comme les autres.
Comment ne pas être heureuse de cette 1ère Fête des Mères ? Peut-être que certaines feront bonne figure, car c’est mal vu en cette journée de dire qu’on vit mal cette maternité … mal vu, mais aussi associé souvent à la honte et à la culpabilité, à ce sentiment que j’entends souvent dans vos paroles ‘Suis-je normale ? ». Elles feront bonne figure, mais au fond, il y aura ce truc qui cloche, qui gratte, qui serre et fait pleurer, tant elles se sentent seules face à ça.
Et puis, il y a ces mamans qui ne se sentiront jamais à leur place. Ces mamans qui ont beau adorer leur enfant, l’aimer de tout leur cœur, lui apporter tout ce dont il a besoin et pourtant qui ne se sentent pas à leur place. Celles pour qui les mots « mamans » et « mères » résonnent faux, comme un statut qu’elles n’auraient finalement jamais aimé avoir. Toutes ces femmes qui vivent le regret maternel et se font copieusement insulter dès qu’elles osent en parler plutôt que d’être accompagnées pour comprendre et même dépasser cet état si ambivalent entre l’amour de son enfant et le rejet de la maternité.
La Fête des Mères est un coup de couteau dans la plaie déjà immense de ces mamans qui ont perdu leur(s) bébé(s) / leur(s) enfant(s).
Parmi toutes les douleurs que les parents confrontés au deuil périnatal ont à affronter, il y a celle de devoir traverser la Fête des Mères et celle des Pères, sans avoir leur bébé auprès d’eux, mais également en n’étant pas reconnus dans leur statut de maman / papa par la société et même parfois, l’entourage.
Pourtant le ventre de cette maman a bien porté ce bébé, pourtant ces parents ont bien parfois tenus leur bébé dans leurs bras, pourtant il a bien un prénom … mais autour, personne ne reconnaît en cette femme une maman. Cette maman, l’amour maternel, elle le connaît. C’est bien à cause de cet attachement et de l’amour qu’elle est aujourd’hui si malheureuse. C’est bien à cause de cette tristesse immense qu’aujourd’hui elle ne voudra pas voir la joie des autres … et que peut-être on dira d’elle qu’elle est égoïste ou aigrie, alors qu’elle est juste triste et qu’elle aurait aimé qu’on pense à son bébé et à cette vie qu’elle aurait eu avec lui.
Cette journée est également très difficile pour toutes ces mamans qui ont perdu leur enfant trop tôt. Pour elles, le statut de maman n’est pas nié. Pour elles, on sait que cette journée est difficile. On sait, mais on ne sait pas quoi leur dire, quoi leur proposer, tant on est maladroit en Occident avec le deuil. Pourtant un joli bouquet d’un proche, ou juste un doux message, le jour où elle est noyée dans les souvenirs avec son enfant pourrait lui faire du bien.
Et puis, il y a ces mamans dont l’enfant ou les enfants sont encore en vie, mais qui en sont séparées depuis trop longtemps et pour trop longtemps : aliénation parentale, décision de justice « injuste », …
Et enfin, il y a ces femmes qui rêvent d’être mamans, mais qui, pour l’instant, ne le sont pas, pas faute de le vouloir profondément (infertilité, célibat, maladie, …).
Faut-il pour autant supprimer la Fête des Mères ?
Ah non ! … ce n'est pas parce que j’ai peur de ne plus avoir ce cadeau fait maison à l’école (car non, à l’école de ma fille, il n’y a plus de Fête des Mères et des Pères, mais la Fête des Gens qu’on aime), mais parce que c’est bien aussi de pouvoir fêter cette jolie mission d’aimer, de protéger, de cajoler, d’élever son enfant, avec toute la magie qu’ont en elles les femmes.
Aujourd’hui il y aura bien sûr eu une fête commerciale, mais aussi des moments d’arrêt sur images et de partage dans une vie à 100 à l’heure, un moment pour honorer la maternité, un bisou plus appuyé que d’habitude, un mot tendre qui nous donnera la larme à l’œil, …
On va juste changer nos habitudes et penser à celles autour de nous qui souffrent dans leur maternité et peut-être cette fois, leur envoyer un message et de l’amour. Aujourd’hui, c’est à vous toutes que je pense LOVE
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